Toute une histoire.

Publié le par ipomne

Toute une histoire.

Je viens de tomber sur une émission de France2, "Toute une histoire", le titre accrocheur du genre "Mon couple en danger après des fausses couches à répétition" m'a interpelé et forcément j'ai regardé.

Il m'arrive de regarder cette émission (les joies du congés mat!) et si je trouve que ce sont un peu toujours les mêmes sujets qui reviennent, je dois admettre que certains sujets lourds et un peu tabous trouvent parfois un écho non négligeable.

Depuis 3 ans, tu parles fausse couche, deuil périnatal, forcément je suis au taquet !

J'aurais aimé être moins calé sur le sujet mais malheureusement, on choisit pas toujours !

Si j'approuve cette démarche de parler d'un tel sujet, en revanche je déplore un peu les raccourcis faciles et le manque de précisions sur les fausses couches et deuil en général.

Il est vrai que le couple était au coeur du sujet, plus glamour et moins réducteur que la fausse couche seule...

Ce qui ressort de cette émission est la difficulté des femmes de se faire aider et de trouver à qui en parler.

J'ai pour ma part eu énormément de chance d'avoir une prise en charge parfaite au sein de l'hôpital de Poissy avec écoute, mise en place d'un groupe de parole auquel j'ai participé durant 1 an, une équipe de sage-femme et d'aide soignante formée au deuil...

À la vue de cette émission je me rend compte que je suis une exception, la réalité est bien plus dure et glauque : une jeune fille qui fait 10 fausses couches sans que l'on cherche pourquoi, une fille d'à peine 20 ans qui sait qu'elle fait une fausse couche mais par peur, honte et/ou manque d'entourage reste plus de 15 jours avec un embryon mort dans le ventre, une dame que l'on fait attendre 1 semaine avant de lui autoriser d'accoucher... Et encore ce ne sont que les témoignages des personnes sur le plateau, j'imagine ce qui peut se passer ailleurs.

Je compatis pleinement avec toutes ces femmes. Je n'ai pas de solution miracle. Je sais que les hôpitaux forment de plus en plus leurs personnels à ces situations, que la perte d'un enfant aussi court soit le terme de la grossesse est reconnu de plus en plus et de mieux en mieux appréhendé et accepté mais je m'insurge encore et toujours contre l'ignorance des gens, le manque de soutien que subissent ces femmes, le peu de considération dans les yeux des autres, famille, amis, voire conjoint.

Il est facile de chercher à rendre le système plus performant et de reprocher aux professionnels leur manque d'empathie (le système médical est une lourde machine parfois peu "aidante") mais si déjà les mentalités changeaient, les gens parlaient plus ouvertement, les autres savaient, cela aiderait beaucoup il me semble.

J'aimerais bien faire un test : être absente pendant un certain temps et à la question "Ben, t'étais où ?" répondre à la moitié "J'ai eu un cancer du sein" et à l'autre "J'ai fait une fausse couche" je suis quasiment certaine du résultat du test à l'avance.

Même si les gens montreront dans les deux cas de l'empathie, la première catégorie s'intéressera plus et posera des questions, la deuxième dira "Ah ! Ok désolée, et sinon tu sais..."

Je l'ai vécu et pourtant ce n'était pas une fausse couche, c'était la mort d'un bébé à terme. Après 9 mois dans mon ventre...

D'ailleurs les gens disaient que j'avais fait une fausse couche ça dérange moins !!

(Je ne cherche pas à minimiser le cancer du sein, ou tout autre cancer, qui sont des maladies éprouvante autant physiquement que psychologiquement mais aujourd'hui cette maladie n'est plus tabou, alors que la fausse-couche reste tabou, et surtout on essaye de minimiser les conséquences et les répercutions sur l'équilibre du couple, la confiance en soit, le physique...)

Ce billet est complètement décousu, je vous l'accorde, mais j'avais envie de réagir à cette émission...

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Les gens qui disent après une fausse-couche "non mais la nature est bien faite, tu sais, c'est que ton bébé devait partir/n'étais pas viable/..." on en parle ? Non parce que même si c'est vrai, ça aide pas trop, hein !

Publié dans deuil perinatal, grossesse

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