Elles...

J'ai conscience de ne pas commencer par des thèmes très gais, ici, mais je ressens comme un besoin viscéral de partager tout cela avec vous.

Comment parler du deuil sans plomber l'ambiance ?

Comment parler du deuil périnatal sans faire fuir ?

Comment dire "oui mon bébé est mort" sans choquer.

Si aujourd'hui, presque 3 ans après, je vais mieux, voire très bien, j'ai toujours au fond de moi cette envie d'en parler.

Rabattre les oreilles de mes proches : fait.

Participer pendant 1an à un groupe de parole : fait.

Poster des statuts énigmatiques sur FB : fait.

En parler à des inconnus aux dates anniversaires : fait.

Témoigner dans un livre : fait.

Et pourtant, j'ai encore besoin d'en parler. L'impression de les faire exister peut-être, encore et toujours ?

Cela va-t-il changer quelque chose d'en parler ici ?

Peut-être. Mais que dire ?

Rester factuelle ?

"Il y a presque 3 ans j'accouchais d'un bébé mort et 10 mois plus tard rebelotte" ?

Un peu violent ! Cependant, je n'ai envie de ménager personne. La vie ne m'a pas ménagée moi, quand j'ai appris que le bébé dont je devais accoucher quelques jours plus tard était déjà mort dans mon ventre.

La vie ne m'a pas prévenue que j'allais mettre au monde en 2h et sans péridurale, un bébé mort de 3,6kg.

La vie n'a pas été tendre quand 10 mois plus tard j'apprenais, seule aux urgences, que mon autre bébé de 15semaines était lui aussi mort.

Et si les faits sont trop crus, je pourrais parler de mes sentiments ?

L'incompréhension, la colère, la douleur... Mais comment définir tous ces mots qui me semblent tellement peu appropriés.

Tout le monde parle de douleur et de colère aujourd'hui. Mais savent-ils seulement ce que cela veut dire.

J'ai découvert le mot tristesse le 4 janvier 2012, quand Agahte est morte. Avant ma tristesse était douce. Mélancolique et tendre.

Depuis cette date ma tristesse est amère.

Et quand le 12 octobre 2012, Louise a rejoint Agathe, le mot tristesse a explosé. Il ne signifiait plus rien.

Je n'ai pas trouvé de mot depuis pour définir le vide que j'ai ressenti

Pas de pierre tombale mais un joli jardin pour mes princesses....